Besoin de rien

Depuis que j’ai quitté le Village des Pruniers j’essaie de passer chaque instant en pleine conscience. Être en pleine conscience, ça veut dire rester connecté à chaque instant à son corps, sa respiration, au contenu de ses pensées ainsi qu’à l’environnement autour de soi.

Je ne marche plus, je me promène. Lentement. Je m’arrête pour observer une fleur, cueillir quelques fraises des bois, apprécier le soleil sur mon visage. Je marche moins. Je m’arrête plus tôt et j’en profite pour lire un peu, faire quelques exercices de Qi Gong, un thé, une sieste.

Aujourd’hui j’ai trouvé un endroit merveilleux pour poser la tente, à côté d’un cimetière. Une vieille dame vient même m’indiquer un point d’eau en accès libre. Est-ce que vous avez besoin de quelque chose ?
Non. Merci. J’ai déjà cette vue. J’ai tout. J’ai rien. Bizarrement, c’est la même chose.

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Village des Pruniers: La vie au village

Pour commencer, laissez-moi vous décrire l’environnement.

Le village est composé principalement de 3 hameaux séparés de 4km à 25km. Un hameau pour les hommes et deux pour les femmes. Le logement des couples est libre. Mon hameau (le hameau du haut)  accueillait environ 100 personnes. La vie au village est réglée ainsi:

Mardi, mercredi et samedi sont des jours “normaux”. La journée commence à 6h par une méditation accompagnée de chants et d’enseignements. A 7h30, petit déjeuner en silence. A 9h30 a lieu un atelier d’enseignement qui se fait soit au travers d’échange de pratiques entre les retraitants ou par la projection d’un DVD de Thich Nhat Hanh. Ensuite, à 11h30, tout le village se rassemble pour une marche méditative à travers le domaine. L’occasion d’apprendre à apprécier la beauté de la nature et de l’instant. Pendant le repas de midi les 20 premières minutes ont lieu en silence afin de pouvoir rester concentrer sur le fait de manger. A 15h commence la méditation du travail qui consiste à apprendre à travailler tout en restant conscient du moment présent, au travers diverses activités au service de la communauté.  A 18h le repas du soir est servi, et à 20h une dernière méditation a lieu.

Le jeudi et le dimanche ont lieu les “journées de pleine conscience” qui sont ouvertes à tous les visiteurs. A cette occasion, les 3 hameaux du village se rassemblent dans l’un des hameaux. Ces journées commencent le matin par un discours sur les enseignements du Bouddha et l’après-midi est consacré au partage d’expériences en petits groupes. La soirée est libre.

Le lundi est la “journée de paresse”. Toute la journée est libre. C’est l’occasion de faire du sport par exemple: le hameau du haut où je me trouvais avait un terrain de basket, un terrain de foot et un terrain de volley.

Le vendredi est la journée d’arrivée et de départ. Pour les personnes non concernées, il s’agit d’une journée consacrée à la méditation du travail.

L’emploi du temps offre passablement de temps libre qui permet de discuter avec les autres retraitants et les moines. Le silence n’est demandé qu’entre 21h et 8h du matin ainsi que pendant une partie des repas.

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La maison du thé: le point de rencontre pour papoter
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L'autel dans la salle de méditation
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La salle de méditation

Petite sélection de photos

Improvisation

– Salut BabOu, t’es où?
– Vers Orthez en direction de St-Jean-Pied-de-Port.
– Tu viens passer quelques jours à Tarbes? Je viens te chercher demain à midi.

Hier je me suis réveillé au milieu d’un champ. A midi j’étais à Sauveterre-de-Béarn. A 14h j’étais à Tarbes. 18h30, je m’incruste dans un meeting avec une boîte de production de clips vidéos pour le tournage du clip de JB Bullet. A 21h j’étais dans une immense fête en plein centre-ville. A 23h je me réchauffais des restes de riz au four micro-onde avant de repartir à la fête. 1h du matin je me couche dans un bon lit.

C’est drôle la vie.

Lumières Tarbaises

De la chance. Encore de la chance. Toujours de la chance.

La chance d’accompagner un musicien de plus en plus sollicité et de vivre quelques temps à ses côtés. Se perdre dans quelques airs de guitares entre deux conversations. Rencontrer du monde, tout plein.

La chance d’être invité au concert de Boulevard Des Airs pour le lancement de leur nouvel album. Y danser. Se perdre dans le son des cuivres, des chants et des pas de Flamenco. Être bien accompagné, s’amuser avec simplicité.

La chance de passer des soirées avec des gens qui viennent de tellement d’horizons différents. Découvrir dans chaque personne la fraîcheur d’une vie aux possibles infinis. Réaliser que même si les grands voyageurs sont peu nombreux, les voyageurs de l’esprit sont partout autour de moi. Ils quittent les rives du confort d’une vie toute tracée pour aller se perdre dans les grandes étendues que leurs rêves leurs offres. Tout quitter pour la musique, le cinéma, l’élevage de poules. Tout quitter pour revenir à soi, qu’importe la couleur.

Ici on cherche la joie autour de soi.

Itinéraire espagnol

Ca m’aura pris plus de 7h à préparer. Un itinéraire de 700km traversant le Nord de l’Espagne qui emprunte et connecte différents chemins de grande randonnée proposés dans le pays afin de rejoindre Oviedo. Impossible de trouver de bonnes cartes en France. Bref, la vraie aventure c’est pour tout bientôt. Voici le fruit de mes recherches:

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España!!!

Ça y est je suis en Espagne! A mon arrivée j’ai même eu droit à l’un des plus beaux paysage de ma vie. Ça valait le coup de traverser les Pyrénées dans le brouillard pour recevoir ce cadeau au sommet.

Depuis avant hier j’ai rejoint le chemin de pèlerinage principal à St-Jean-Pied-de-Port. Il y a une centaine de pèlerins qui part chaque matin. Trop pour moi (je deviens sauvage). Heureusement aujourd’hui commence le début de l’itinéraire présenté précédemment.

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Plein de moutons au milieu du brouillard c'est cool.
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Des petits bonhommes-pives c'est important

Aventure Level 2

C’est magnifique. Je marche seul dans cet univers montagneux incroyable. Des sommets à perte de vue, des panoramas à 360 degrés à couper le souffle. Je marche seul dans ce brouillard épais qu’on trouve si souvent en altitude, je ne vois pas plus loin que 15 mètres, je m’oriente presque exclusivement au GPS. Le brouillard donne un côté mystique aux forêts et accentue le sentiment d’isolation quand je suis dans un univers dégagé. Je rencontre des moutons, des vaches, un tas de chevaux. Je me fais survoler par d’immenses rapaces sauvages que je n’avais jusqu’à présent observés qu’au zoo.

Je marche avec 3 litres d’eau au lieu de 1,5 habituellement. Les sources d’approvisionnement en eau et en nourriture sont rares. Contrairement aux sentiers français que j’ai empruntés, le GR12 que je suis actuellement ne passe pas souvent par des villages, et la documentation topographique est mauvaise. Je suis parti hier de Lekunberri en pensant que mon prochain village serait dans 3 jours, espérant trouver des abreuvoirs d’eau pour les animaux en chemin, au risque d’être bien ennuyé. Heureusement, aujourd’hui j’ai découvert un restaurant en bord de route nationale qui me permet de manger au sec et vous faire parvenir ce petit mot.

Il pleut beaucoup ces jours. Mes chaussures sont trempées, j’ai perdu ma 2ème paire de chaussettes. J’ai de nouveau des ampoules. Je commence mes journées avec les pieds mouillés.

J’apprends l’espagnol pour communiquer avec les locaux. J’y consacre une heure par jour. Les rares fois où j’ai croisé quelqu’un, on m’a demandé: – Où as-tu commencé la journée? – Je ne sais pas, quelque part en forêt entre deux sommets. – Et où vas-tu maintenant? – Je ne sais pas, je suis le chemin.

Je suis mon chemin. Je ne sais pas trop par où il passe, je sais d’où je suis parti il n’y pas si longtemps, je sais vaguement dans quelle direction je vais. Pour le reste, je ne crois pas que ce soit tellement moi qui décide.

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Grâce à la pluie les chemins sont merveilleux par endroits.
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Les panneaux directionnels informent même du dénivelé du chemin jusqu'à la destination! Du jamais vu depuis que je marche!

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Todo le mundo abla español

Le temps est toujours incertain. Ça me rend plus prudent et moins enclin à attaquer de grosses distances. Quand je trouve un coin sympa et sec, je m’y arrête, même si j’ai marché à peine deux heures. C’est ce qui m’est arrivé avant-hier, en découvrant une auberge à 16€ la nuit. Et c’était sans compter la soupe de légume du midi et du soir, le gâteau au fromage blanc et au coulis de framboise, les deux canettes de soda, le litre et demi de lait ainsi que le paquet de biscuit qu’on m’a simplement offert parce que j’avais l’air d’un “vrai voyageur” et qu’il fallait que je mange beaucoup avec “tous ces kilomètres que je marche”. C’est l’excuse qu’ils ont trouvé pour être simplement hyper gentils avec moi. Moi, je leur ai offert un dessin de panda. C’est gentil aussi, un panda.

Même scénario aujourd’hui plus ou moins. Je décide de commencer la journée en faisant un détour de 2h par Zegama parce que le prochain village est dans 2 jours (en théorie) et que j’ai presque plus rien à manger. Je découvre d’abord que Zegama se trouve sur une variante du chemin de St-Jacques complètement méconnue. Ensuite je découvre qu’il y a un gîte de pélerins. Chose incroyable, et j’insiste sur le fait que c’est incroyable: il est gratuit à 100%. Non pas donativo (prix libre) mais gratuit. Je n’en reviens toujours pas. Je peux même y faire une lessive et la cuisine. En plus de ça la fille de l’office du tourisme est trop cool et il y a même un musée avec une “bibliothèque du bois” qui contient 1’500 échantillons de bois différents sur les 40’000 recensés dans le monde (je suis un expert maintenant). C’était vraiment intéressant, même si dit comme ça, ça n’en a pas trop l’air.

A part ça, beaucoup de réflexions très spirituelles. Je lis tous les jours un chapitre du livre “Le coeur des enseignements du Bouddha” de Thich Nhat Hanh, et ça me fait beaucoup réfléchir. Ce livre est un bijou. Je le recommande vivement à toute personne intéressée par le bouddhisme, car les concepts y sont expliqués de façon simple, pratique et contemporaine.

Merci à tous de votre fidèle suivi. On me demande souvent si je me sens seul. La réponse est: non, jamais. Et encore moins quand je reçois de vos nouvelles ou que je vois simplement à quel point vous êtes nombreux à vous intéresser à mes histoires. Au final, je voyage un peu avec vous, vous voyagez un peu avec moi. On s’accompagne mutuellement en pensée et je suis tellement reconnaissant envers votre bienveillance. C’est un véritable privilège de connaître chacun d’entre vous.

Puissiez-vous continuer à grandir dans la joie, la paix et l’amour.

Surprenant.

Depuis quelques jours, tout me surprend. D’abord l’auberge gratuite. Ensuite mon chemin traverse – j’insiste sur le mot – une immense grotte remplie de vestiges préhistoriques. Tout ça pour se retrouver à longer une centaine d’éolienne sur la crête d’une chaîne de montagne qui s’étend sur 20km. Bon, mais ça c’était avant de rencontrer au milieu de nulle part le berger qui garde ses animaux en pleine montagne en faisant du motocross (et qui kiffe ça visiblement). D’ailleurs sa moto lui a été bien pratique quand il s’est proposé de perdre 10 minutes de sa vie pour aller remplir mes bouteilles d’eau à la fontaine qui se trouvait plus loin, alors même que je commençais à m’inquiéter de l’état de mes réserves. Il m’autorise au passage à camper là au milieu. Finalement aujourd’hui je sors de ma montagne pour arriver à Leintz-Gatzaga. Un petit village où il n’y a rien à part un bar/kiosque qui vend presque exclusivement des produits végétariens bio, où le tenancier se plaît à me sortir une compilation des meilleurs titres de Gorillaz et Linkin Park en m’offrant un thé parmi les trente-six sortes qu’il propose (ô miracle j’échappe au maléfique English Breakfast pour cette fois). Je craque pour mon nouveau préféré: menthe-réglisse. Il y a même un ordinateur et une imprimante en accès libre (normal, c’est  certainement très utile pour les 40 habitants du village). Au passage je retrouve le soleil qui m’avait quitté depuis trop longtemps. Soleil, chaleur, temps sec, je vous aime! Je ne demande rien de plus. Ah oui, du Wi-Fi. Mais bon, évidemment: il y en avait au bar. Juste assez pour faire une mise à jour du site du BBC Gland en me disant que, quand même, ma vie c’est un peu n’importe quoi.

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